Le Rallye "Châteaux Cathares 2003"
Notre
rallye en pays cathare a eu lieu, il a fait beau, il n'y a pas eu de panne, pas
d'accident, il y avait 26 Lancia.
Je voudrai remercier tous les participants et particulier ceux qui ont effectué
un long trajet pour participer à cette rencontre.
Par exemple : Gilles Dupont venu d'Arcachon, Lucien Giol de Saint Emilion,
Jacques Pottier des Landes (avec questionnaire et cadeaux). Autre fait rare et
notable, la présence de 4 représentants d'antenne du club : Pierre
Sutter, René Charroy (venu exprès de Paris), Gilles Bourdon (qui a fait preuve
de sportivité en abandonnant le 1er prix qu'il avait gagné).
Avec Christian Bracco d'Arles et Stéphane Pretesac de Perpignan on peut considérer
que tous les points extrèmes de l'hexagone étaient rassemblés !
Une mention spéciale à Stéphane Mayet de Narbonne venu avec une berline BETA
comme neuve, sans lui nous n'aurions pas eu une très belle THESIS parmi nos
anciennes et, en cadeau les plaques de rallye.
Bernard Drapier avait "déplacé" deux grosses Lancia, ses amis et la
bonne humeur du Gers.
Merci à Tous
Gérard CASSAGNES
« Partir, c’est mourir un peu »
Ce n’est pas avec ce vers, extrait de son romantique « Rondel de l’Adieu », qu’Edmond Haraucourt acquit la célébrité au tout début du siècle dernier, mais par « La Légende des Sexes » un recueil de poèmes érotiques limite porno parodiant Victor Hugo, qu’il avait écrit alors qu’il était Rédacteur au Ministère de l’Intérieur . Cette fantaisie lui ferma les portes de la prude Académie Française qui lui préféra Jean Richepin, dont l’œuvre peut être mise entre toutes les mains … Voilà pour les certitudes que partagent les meilleurs Historiens de la Littérature, remarquons toutefois que de nos jours, aucun Rédacteur de la Place Beauvau ne se risquerait à écrire quoique ce soit d’érotique au bureau, même sous le manteau, et fut-ce un poème.
Mais la plus grande incertitude règne parmi les Historiens de l’Automobile, très partagés sur le nom de celui qui aurait prononcé la sentence « Partir, c’est crever un pneu » serait-ce John Boyd Dunlop, Edouard Michelin, Charles Goodyear … ? Pour ma part, je préfère accréditer la thèse selon laquelle ce serait un descendant de Giovanni Battista Pirelli s’exprimant au nom de la firme milanaise éponyme, à propos de ses très coûteux P 700 Z chaussant mon Integrale 16 V ! !
Ce 18 Mai à l’aube, je venais en effet de m’élancer vers le Pays Cathare avec 360 kms devant mes roues, lorsque le précieux Pirelli de l’une d’elles rendit l’âme, flingué pour la 4e fois en 6 ans et encore à l’occasion d’un Rallye Lancia, mais cette fois à seulement 10 kms de chez moi ! ! Que les habitués de notre Rallye Annuel se souviennent : il y avait déjà eu en 1996 mon entrée calamiteuse dans le Parking de l’Hostellerie de Fontanges à Rodez avec à l’arrière droit cette galette ridicule évoquant une roue de 2 CV, qui suscita quelque rires et quolibets alors que ce Rallye n’était même pas commencé … Puis l’année suivante je m’étais rendu au 50e Anniversaire du LMC, lorsque à peine débarqué sur le sol anglais, un plot réfléchissant retourné la pointe en l’air avait explosé un Pirelli de la Kappa confiée par Fiat Auto mais contrairement à Rodez où dès le lendemain j’avais pu trouver un rechange, là j’avais dû rouler piteusement 3 jours avec la galette !
Enfin en 2001, au 2e soir de notre Rallye du Limousin, ayant inexplicablement crevé puis roulé trop longtemps à plat, j’avais encore ruiné un Pirelli en quelques secondes , ce qui m’avait valu de passer la dernière journée en passager du Coupé Flavia de mes amis Bourgoin - ce qui au demeurant ne fut pas la pire des punitions !!
Trois fois, pensais-je alors, le compte est bon, me voilà ainsi débarrassé de cette malédiction pirellienne Il faut préciser que celle-ci ne se manifeste exclusivement qu’à l’occasion de Rallyes Lancia et que pour tous autres déplacements, je reviens toujours chez moi avec les mêmes enveloppes qu’au départ Je fais donc appel d’urgence à la solidarité d’un lanciste-integraliste-exorciste du LCF qui saura chasser l’esprit malin qui désormais nous hante ma voiture et moi, et qui voudra bien ne pas en rire car je pourrais le prendre mal, ces choses surnaturelles étant très sérieuses !
Ce type de pneu - comme tout autre - étant introuvable un dimanche matin aux confins des Landes et du Gers, je dus encore une fois monter cette maudite galette pour ramener l’auto à la maison toute proche ! ! Mais rendu là, je savais déjà que mon jeu de jantes équipé de vieilles chaussettes usées réservées au circuit ne serait d’aucun secours, et ne pouvant envisager d’aller dans l’Hérault et en revenir sur trois roues, plus une de mobylette, une décision s’imposa tout de suite : changer de voiture !
C’est pourquoi ce Dimanche matin au cœur du Pays Cathare, comme un hérétique égaré parmi les fidèles du Pape Vincenzo 1er, je fis une entrée assez remarquée dans le parking rempli de Lancia de « La Bastide Cabezac » en ZX Citroën à mazout !
J’eus alors l’impression de m’être trompé de Rallye : 26 Lancia qui attendaient vainement la 27e , c’était du jamais vu dans le Sud-Ouest, on se serait cru au Rallye Annuel ou au Rallye de Normandie à leurs plus beaux jours . Enfin j’exagère un peu mais tout de même … Quel sacré bonhomme ce Cassagnes ! - faire venir de régions plus lointaines les unes que les autres 27 Lancia - enfin 26 - dans les garrigues du Minervois qui, aussi attrayantes fussent-elles, ne sont pas la porte à côté de quelque part, ce n’était pas évident du tout et pourtant les plaques minéralogiques en témoignaient : 11, 13, 30, 31 (majoritaires), 32, 33, 34, 40 (pour mémoire…), 54, 66, 75, 76, 81, 93 … Au centre de l’Hexagone, à Bourges ou Châteauroux, peut-être, mais à Bize-Minervois, ce minuscule point tout en bas de la France qui n’est même pas sur toutes les cartes !
Gérard Cassagnes a un truc : comme le furet de la chanson, il court, il court … il téléphone tous azimuts, il écrit partout, il se divise en quatre et se multiplie en rencontres, il est à côté de vous, soudain il n’y est plus, vous le croyez là-bas au loin alors qu’il est derrière vous, le temps de vous retourner il n’est déjà plus là, et en une seconde de distraction vous perdez sa trace !Notez que pour le retrouver c’est très facile, il suffit de trouver la Lancia la plus proche : ou il a la tête dans son compartiment moteur, ou il est couché dessous, ou il tourne autour !
Pour nous ouvrir l’appétit - au pays de l’olive oblige - il nous avait prévu la visite commentée d’une coopérative oléicole et de son moulin à huile suivie d’une dégustation d’olives - c’est bien la Lucques locale la meilleure - mais aussi du produit fini !
Et puis il n’est peut-être pas loin le temps où Bize-Minervois sera sur toutes les cartes : quand le Chef de La Bastide Cabezac aura obtenu sa 1ere étoile Michelin que nous lui accordons déjà par anticipation et par procuration ( je ne travaille pas que pour Pirelli ! ), pour l’inventivité des mets raffinés dont il nous régala, ainsi que pour le très surprenant cru de rouge des Corbières dont il nous abreuva .
La liberté étant donnée à chacun de choisir ensuite entre deux parcours routiers façon Spéciale du Rallye des Garrigues, l’un de 14 kms et l’autre de 45, certains d’entre nous profitèrent du libéralisme de notre organisateur pour s’inventer un 3e itinéraire de zéro km, de loin le plus rapidement expédié, s’accordant ainsi plus de temps pour la parlotte lanciste et la visite de la Cité de Minerve, édifiée depuis la domination romaine sur un éperon rocheux au confluent des deux profonds canyons de la Cesse et du Briam .
C’est en ce haut lieu de la résistance Cathare qu’en 1210, 140 « Parfaits » et « Parfaites, assiégés par les Croisés de Simon de Monfort qui les assoiffaient depuis 50 jours, se rendirent avant de se jeter dans les flammes d’un bûcher, plutôt que renier leur foi hérétique et se soumettre au Roi Philippe Auguste et au Pape Innocent III .
La peste de l’intégrisme religieux et le choléra du fanatisme idéologique qui ne sont décidément pas seulement des plaies d’aujourd’hui, ajoutés à ces histoires d’assoiffés et de bûchers finissant par donner soif, la journée se termina à la « Cella Vinaria » de La Livinière, par la visite de sa cave, suivie d’une dégustation et de la distribution des prix justifiée par les deux questionnaires, l’un de connaissances lancistes, l’autre de culture générale automobile, élaborés par Gérard Cassagnes et moi.
Dans ces deux disciplines confondues par l’addition des points, le meilleur fut comme attendu Gilles Bourdon, qui à son érudition automobile légendaire ajouta l’élégance du geste en demandant à être classé « Hors Concours ».
Gérard
CASSAGNES surveille les grands et les petits enfants
Le vrai vainqueur fut donc son suivant immédiat, Lucien Giol, suivi lui-même de très peu par René Charoy, qui reçurent chacun une boite de foie gras d’oie, tandis que des récompenses diverses allaient à tous les autres qui à des degrés variés avaient bien mérité, mais devront toutefois réviser leurs connaissances automobiles pour prétendre la prochaine fois aux gourmandises landaises .
Car il faut tout de même revenir sur ces connaissances, pour certains largement insuffisantes voire même très affligeantes.
C’est encore sur Johnny Halliday et le cinéma de Claude Lelouch que ça va le mieux : tout le monde se souvient que le premier à participé au Rallye Monte Carlo au volant d’une Ford Mustang - bravo Johnny, t’es bien le meilleur ! - et que dans « Un Homme et une Femme », c’est à bord d’une voiture identique que Lelouch fait participer Jean-Louis Trintignant au même Rallye .
Ajoutons que Francis Ford Coppola et son film sur Preston Tucker, ont permis à un très petit nombre de marquer un point .
Idem pour la question sur le Command Car US qui était produit par Dodge, mais où rien ne va plus, c’est que tous ignorent lamentablement que la Jeep de la 2e Guerre Mondiale a été conçue par le constructeur US Bantam et que lorsque le Pentagone lui en retira la fabrication pour insuffisance de moyens, ce furent Ford et Willys qui s’en partagèrent la production . Bantam fut chargé de construire les remorques !
Enfin je dois évoquer le cas très désolant d’amis toulousains charmants mais dont la culture automobile est nulle, en dépit de quoi ils resteront tout de même des amis très chers.
Extraits des réponses de Laurent Dabord et Violaine Dekoninck :
Pour privilégier ceux qui lisent la Lettera et pas seulement ses annonces, j’avais glissé dans mon questionnaire une première question à 4 volets dont les réponses figuraient page 3 de la 1-03 )
- le 1er volet portait sur la voiture que conduisait Giovanni Agnelli lors de son accident de 1952 ? : « une Padebol, »,
- le second sur la marque de la voiture adverse qui fut détruite dans l’affaire ? : « une Majorette » .
- à la question sur les noms des constructeurs qui se partagèrent la fabrication de la Jeep après Bantam ? : « Jacob & Delafon »
- sur le nom du grand industriel mort récemment à 75 ans dont la marque à remporté 3 fois consécutivement les 24 h. du Mans et un
- sur le nom du constructeur du Command Car ? : « Arnold et Willy »
- enfin sur ce que conduit Jean-Louis Trintignant dans « Un Homme et une Femme » ? : « Une femme … »
Classés
derniers, Laurent et Violaine ont néanmoins reçu au titre du Prix de l’Humour,
une bonne bouteille de vin de La Livinière, et pour ne pas en rester à ce
genre de récompense dont il ne subsiste jamais rien, je suggère au nouveau Rédacteur
en Chef de la Lettera de leur proposer d’y tenir une rubrique régulière
et durable, du même tonneau que leurs réponses .
Je dois enfin souligner l’excellente ambiance qui, grâce à tous et à
chacun, régna tout au long de cette belle journée, et remercier pour sa générosité
la Concession Lancia de Perpignan, représentée par Mr Guy Fourc venu en Phedra,
et la Concession de Narbonne pour nous avoir délégué Mr Gabriel Jean
venu en Thesis, permettant ainsi à ceux ne l’ayant encore jamais vue de
l’admirer de près .
Jacques POTTIER